C'est confirmé, la privatisation des contrôles radars avance au pas de charge!
Comme nous vous l'avons indiqué en avant première au mois de novembre dernier, les voitures radars privatisées circuleront bientôt dans 4 nouvelles régions. Ainsi, à la fin de l'année 2020, la moitié du parc des radars mobiles qui flashent en roulant sera privatisé.
Le marché public pour le déploiement de ces véhicules dans les région Grand-Est, Bourgogne-Franche-Comté, Hauts-de-France et Nouvelle Aquitaine vient d'être publié.
Les entreprises retenues devraient être connues avant les grands départs en vacances et les premiers véhicules conduits par des chauffeurs employés par une société privée devraient circuler dès la rentrée.
Les départements avec voitures radars privatisées
Les cinq dernières régions qui rassemblent l'autre moitié des radars mobiles mobiles à savoir l'Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Occitanie et Corse devraient rapidement suivre et toutes les voitures radars pourraient être privatisées fin 2021!
Un marché public opaque
Comme à son habitude, la sécurité routière ne propose plus que des bribes d'informations pour les marchés publics qu'elle propose. Alors que la plupart des marchés publics sont publiés en intégralité sur le site officiel dédié, pour celui-ci, l'accès aux documents détaillés du marché est restreint aux seules entreprises qui peuvent y répondre...
Pour ce nouveau marché d'externalisation de la conduite des voitures radars, la situation est même encore pire que l'année dernière lors de la privatisation dans les régions de Bretagne, Pays-de-la-Loire et Centre-Val-de-Loire puisque le nombre de véhicules qui seront concernés n'est même pas indiqué!
Impossible également de vérifier que les prestataires sont bien rémunérés au nombre de kilomètres parcourus et non au nombre de flashs enregistrés, de savoir quels frais sont à la charge de l'Etat ou du prestataire, etc.
Un marché sous évalué?
Le marché public de prestations de conduite de véhicules radars dans les régions Bourgogne Franche-Comté, Grand-Est, Hauts-de-France et Nouvelle-Aquitaine est divisé en quatre lots, un pour chaque région.
Pour favoriser la mise en concurrence des offres, chaque prestataire ne pourra se voir attribué que deux lots au maximum.
Le marché public sera attribué pour une période de douze mois mais pourra être reconduit trois fois c'est à dire qu'il s'étendra sur une période de 4 ans au maximum.
Les montants prévisionnels annoncés sont de 2 millions d'euros HT par an et par lot, des montants qui semblent totalement sous évalués à moins que le nombre de voitures à faire circuler soit en dessous de ce que l'on constate actuellement dans les régions concernées ou que les prestataires consentent à une grosse ristourne.
Le chauffeur d'une voiture radar privatisée
En effet, dans les quatre régions déjà privatisées, le nombre de voiture conduite par les entreprises privées correspond exactement au nombre de voiture qui étaient auparavant aux mains des forces de l'ordre.
Comme cette situation devrait se répéter dans ces quatre nouvelles régions, ce sont comme actuellement, 43 voitures radars privatisées qui circuleront en Nouvelle-Aquitaine, 40 dans le Grand-Est, 34 dans les Hauts-de-France et 24 en Bourgogne Franche-Comté.
Au regard des tarifs pratiqués dans les régions déjà privatisées, le coût moyen annuel pour un véhicule est de 103 000 euros HT.
Sur cette base, et comme il y a peu de chances que ces tarifs soient très en baisse, le montant des différents lots devraient être loin des montants prévisionnels et plutôt atteindre 4,4 M€ pour la Nouvelle-Aquitaine, 4,1 M€ pour le Grand-Est, 3,5 M€ pour les Hauts-de-France et 2,5 M€ pour la Bourgogne Franche-Comté. Soit la coquette somme de 14,5 M€ chaque année.
La légalité du marché public
Les voitures radars sont équipées d'une puce de traçage GPS qui permet de surveiller les conducteurs et de connaitre à tout moment la position de chaque véhicule. Ces informations sont remontées jusqu'à un centre de supervision propre à chaque prestataire dans lesquels un ou plusieurs superviseurs vérifient que les véhicules suivent bien les trajets prévus, etc.
Le navigateur GPS avec le parcours que doit suivre le chauffeur
Si le Conseil d'Etat s'est prononcé favorablement sur la légalité des voitures radars privatisées, c'est parce que la sécurité routière impose des condition drastiques à ses prestataires pour éviter que le marché ne soit considéré comme une prêt illicite de main d'oeuvre et cela est écrit noir sur blanc dans le document de présentation du marché!
Il est bien précisé que le candidat devra joindre à son dossier "une note explicative, avec un exemple de contrat de travail type en annexe, permettant de justifier le lien de subordination indiscutable entre les conducteurs et les coordonnateurs" puisque c'est ce seul lien qui permet de rendre légal ces marchés.
Les probables vainqueurs
Comme l'a démontré le documentaire Radars, la machine à cash, quand elle lance un marché public, la sécurité routière sait déjà pratiquement à qui il sera attribué...
Pour celui-ci, on peut sans trop prendre de risque annoncer que les entreprises qui remporteront les lots de ce marché seront parmi celles qui ont déjà remportées les marchés précédents à savoir Mobiom, GEOS et OTI France.
Les prestataires des marchés déjà attribués
Et on peut dire cela d'autant plus facilement que le marché public prévoit déjà une mutualisation des coûts puisque les entreprises choisies pourront utiliser le centre de supervision déjà existant pour les régions qu'elles ont remporté précédemment en contrepartie d'une petite ristourne sur la facture...
Par la proximité géographique avec les régions déjà attribuées, Mobiom serait favori pour les Hauts-de-France, OTI France pour la Nouvelle-Aquitaine et GEOS pour la Bourgogne-Franche-Comté.
Mobiom qui a remporté la Bretagne, avec pourtant un tarif 20% plus élevé que ces concurrents, pourrait ne remporter qu'une seule région. Reste à savoir qui d'OTI ou de GEOS en emporteront deux.
Il serait surprenant qu'un invité surprise arrive à se faire une place même si lors du dernier appel d'offre il y a eu six candidats...
Publié le 20 janvier 2020