Les voitures radars confiées à des entreprises privées parcourent chaque année de plus en plus de kilomètres. Non seulement parce qu'elles sont maintenant déployées dans plus de la moitié des départements mais également parce que les autorités ont décidé d'augmenter le volume des contrôles.
Avec toujours plus de kilomètres parcourus, le risque d'être impliqué dans un accident de la route augmente et cela c'est confirmé au cours de ces derniers mois puisque l'on a eu connaissance de quatre accidents concernant des voitures radars privatisées.
Le comportement de leur chauffeur et de leurs conditions de travail mais également celles des autres usagers de la route peuvent être en cause.
Au moins 4 accidents en moins d'un an
Le 8 février dernier, une VW Passat immatriculée GB-809-JT a fait une sortie de route en Charente-Maritime peu après 8 h du matin alors qu'elle circulait sur la D204 entre La Jarrie et Aigrefeuille-d'Aunis. Le véhicule qui s'est immobilisé dans un champ a été gravement accidenté et a été retiré de la circulation. Aucune information sur les circonstances de l'accident n'ont été communiquées.
Quelques mois auparavant, c'est une Seat Leon immatriculée FP-873-SB qui a subi le même sort. L'état du véhicule, même s'il n'était pas réimmatriculable, a quand même permis de le vendre aux enchères. Là encore, on ne connaît pas les détails de l'accident.
Grave accident pour la Seat Leon FP-873-SB
Au mois de juillet, c'est dans l'Aube qu'une autre voiture accidentée a été repérée sur le parking d'un garage. Cette fois il s'agissait de la Volkswagen Passat GB-837-JV. Là encore, aucune information sur les circonstances de l'accident. On constate simplement sur l'image qu'il s'agit d'un choc avant.
Choc avant pour la VW Passat GB-837-JV
Mais c'est en Normandie, le 21 mai dernier, que s'est déroulé le plus grave des accidents. Alors qu'elle circulait tranquillement sur la D972 à Marigny-le-Lozon (Manche), la voiture d'un couple de retraités a été percutée de plein fouet par une voiture radar arrivant en sens inverse. Les occupants ont dû être extirpés par le toit du véhicule et transportés aux urgences de l'hôpital de Saint-Lô. Selon les premiers éléments de l'enquête, la conductrice de la voiture radar, une femme de 36 ans, se serait endormie au volant expliquant que le véhicule se soit déporté vers la gauche. Une enquête a été ouverte pour blessures involontaires.
D'après les informations fournies par la Sécurité routière à Caradisiac, depuis 2018, l'année où l'État a commencé à confier la conduite des voitures radar à des sociétés privées, c'est la première fois que l'une d'elles est impliquée dans un accident avec un tiers blessé.
On comprendra entre les lignes qu'il y a eu d'autres accidents sans blessé, ou alors avec le seul conducteur de la voiture radar qui a été blessé, sans que l'on puisse en connaître le nombre ou la gravité.
Un métier à risques
Un conducteur de voiture radar, comme tout autre professionnel de la route, est bien plus exposé au risque routier puisqu'il passe toute la journée au volant parcourant ainsi de nombreux kilomètres.
Il l'est d'autant plus que ses parcours sont répétitifs. Ce sont toujours les mêmes axes qui sont parcourus, et même si leurs tournées quotidiennes peuvent se dérouler sur les départements limitrophes, au bout de quelques semaines, ils connaissent les routes par coeur. Or, selon différentes études, plus un trajet est réalisé par un conducteur, plus celui-ci devient dangereux. En effet, la capacité d'adaptation des êtres humains est telle qu'elle contribue à leur faire adopter de mauvaises habitudes de conduite.
À cela s'ajoute le fait qu'ils circulent essentiellement sur les axes les plus accidentogènes, c'est-à-dire les routes sans séparateur central.
De mauvaises conditions de travail
Dans un récent témoignage, un ancien chauffeur de voiture radar, employé par la société Mobiom en Alsace, dénonçait de mauvaises conditions de travail.
En effet, les voitures radars sont souvent des véhicules à fort kilomètrage (jusqu'à 362 000 km!). Ceci implique de nombreux problèmes qui obligent parfois les chauffeurs à « prendre le volant de voitures avec des pneus lisses, des voyants d'airbag allumés, des avertisseurs de niveau d'huile insuffisant, etc ».
Mais ce sont aussi les horaires de travail qui posent problème avec des conducteurs qui alternent trois tranches horaires: de 5 h 30 à 15 h 30, de 15 h à 22 h et de 20 h 30 à 3 h 30 du matin. Si les heures de coupure entre deux prises de poste sont bien respectées, la succession d'horaires de nuit avec des horaires en journée ne permet pas de se reposer efficacement surtout en parcourant 300 à 500 kilomètres par jour. L'ancien chauffeur avouant qu'il lui est ainsi arrivé d'éviter des accidents mais de « taper des bordures » après avoir enchaîné deux nuits avant de reprendre l'après-midi suivant...
La situation de risque est encore aggravée par le comportement des autres usagers de la route puisque les conducteurs sont régulièrement pris pour cible par les autres automobilistes opposés à l'utilisation de ce type de radar. Intimidations, queues de poisson, freinages intempestifs sont le lot quotidien des chauffeurs.
D'autres voitures radars accidentées
Les chauffeurs de voitures radars privatisées ne sont pas les seuls à avoir des accidents avec leur outil de travail, c'est également le cas pour les forces de l'ordre...
Pour preuve, cette voiture Peugeot 308 immatriculée DM-299-BY qui circulait jusqu'à récemment en Ile-de-France aux mains des policiers a été gravement accidentée avec, là encore, un choc avant et un moteur HS.
Encore une voiture radar accidentée
Publié le 27 septembre 2023