Les voitures radars confiées à des sociétés privées parcourent déjà la France depuis plusieurs années, elles circulent désormais dans plus de la moitié des départements.

Redoutables et redoutés, ces véhicules banalisés se fondent dans le flot de circulation pour y flasher en toute discrétion sur des milliers de kilomètres de routes. Pourtant, il faut croire que cela n'est pas encore assez puisque depuis quelques semaines, on constate que ces voitures sont de plus en plus fréquemment repérées les unes à la suite des autres sur le même axe! Conséquence, les cas de verbalisation en double à quelques minutes d'intervalle se multiplient.

Un record de deux PV en une minute

Depuis le début du mois, plusieurs cas de verbalisation en double par deux voitures radars privées qui se suivent sur la même route nous ont été signalés. Avec le délai de réception des avis de contravention, tous les excès de vitesse se sont produits au mois d'août.

Le premier cas se déroule sur la D750 en Indre-et-Loire. Le véhicule a été verbalisé deux fois à 7 minutes d'intervalle à deux points géographiques distants de 9,3 kilomètres. Le tout à 21h14 et 21h21.

Deux PV à la suite

En vérifiant les information fournies sur le PV, pas de doute, il s'agit bien de deux voitures radars différentes puisque le numéro identifiant du radar Gatso Millia n'est pas le même sur les deux avis.

Un deuxième cas a été rapporté par la page Facebook Info Radar 86. Cette fois, les faits se déroulent dans la Vienne sur la D7. L'intervalle de temps entre les deux infractions est encore plus rapproché puisque la première a été constatée à 11h10 et la seconde à 11h14, soit deux PV en 4 minutes à 6,8 kilomètres de distance.

Mais le record est détenu par cet automobiliste qui a été flashé deux fois à 1 minute d'intervalle! Entre 17h50 et 17h51, la voiture n'a parcouru que 1,5 kilomètres sur la D948 dans les Deux-Sèvres pour être verbalisée deux fois!

Deux PV en une minute !

Pourquoi une telle pratique?

Au regard de ces cas multiples, on peut estimer que cette idée de faire circuler des voitures radars les unes à la suite des autres, sur un même axe et à quelques minutes d'intervalle, n'est pas une pratique isolée. Mais dans quel but?

Si c'est pour améliorer la sécurité sur un axe particulier, il serait tout même plus intéressant d'y faire circuler les voitures radars plusieurs fois au cours de la journée. Car, à y faire circuler deux véhicules à la suite, on ne va que verbaliser les mêmes véhicules en excès de vitesse et cela s'apparente plus à du racket qu'à de la pédagogie. Il y a pourtant tant d'autres routes à parcourir.

L'explication est peut-être à chercher ailleurs...

Comme nous l'avons déjà signalé, le système embarqué dans les voitures radars est un véritable mouchard qui enregistre de nombreux paramètres tout au long des parcours. Les données collectées permettent de fournir des rapports détaillés par tronçon de route, donnant le nombre de véhicules croisés, leur vitesse moyenne, les risques de survitesse, etc. Et tout cela en fonction des conditions météorologiques, des heures de passages, des jours de la semaine, etc.

De là à dire que ces données sont utilisées pour faire circuler les voitures radars aux moments où les infractions sont les plus fréquentes, il n'y a qu'un pas... Et quitte à en faire circuler une, pourquoi ne pas faire coup double avec deux même si c'est pour verbaliser deux fois les mêmes personnes à quelques kilomètres d'intervalle.

Des parcours prédéfinis

Pourtant la recherche de la rentabilité n'est peut-être pas l'explication la plus probante. Pour essayer de comprendre ce phénomène de voitures radars en enfilade, il faut bien connaitre le mode de fonctionnement de ces radars privatisés.

Déjà, il faut savoir que quatre sociétés différentes sont chargées de faire circuler les véhicules dans les différentes régions concernées. Bizarrement, on constate que les trois faits que nous avons évoqués se sont déroulés dans des départements gérés par la société GSR. Même si cela ne veut pas dire qu'elle est la seule des quatre entreprises que l'État utilise pour ce service à le faire.

Une voiture radar privatisée en circulation

Ensuite, il faut savoir que dans un département, plusieurs véhicules sont stationnés dans un même endroit, souvent dans un entrepôt d'une zone industrielle.

Il faut également avoir en tête que les voitures radars ne peuvent circuler que sur des routes bien définies que les services de l'État ont classé comme des "zones à risques" ou des "zones infractionnelles". Un planning des contrôles est établi chaque mois par les sociétés privées pour chaque département dont elles ont la charge. Il se décompose en plusieurs parcours qui regroupent plusieurs axes choisis par la préfecture. Ils sont contrôlés sur plusieurs plages horaires en semaine ou le weekend et les jours fériés.

Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que si les routes contrôlées ont bien été choisies par les services de l'État, ces derniers ne peuvent exiger, au maximum, que 20% de contrôles spécifiques chaque mois. Les 80% restants sont programmés par les sociétés qui gère les voitures radars afin d'optimiser leur déplacement. Au cours d'une même journée, une voiture peut naviguer sur les routes de plusieurs départements.

Interdire cette pratique

On en revient donc à notre question du pourquoi plusieurs véhicules à la suite sur la même route. Est-ce dans le cadre de l'optimisation de leur déplacement? Est-ce tout simplement parce qu'elles empruntent le même itinéraire au même moment pour rentrer au garage, même si, au cours de la journée, elles ont sillonné des routes bien différentes? Est-ce vraiment pour améliorer la rentabilité du système? La question reste posée.

En tout cas, ce type de pratique ne sert pas à améliorer la sécurité sur les routes, par contre il va renforcer l'idée des "radars pompes à fric" chez les nombreux français qui ont déjà une piètre opinion des radars automatiques et encore plus des voitures radars privatisées.

L'idée serait tout de même que l'État interdise ce genre de pratique en obligeant les sociétés à ne pas activer le système radar d'une voiture qui en suit une autre. Une pratique tout à fait possible puisque la flotte de voitures radars est suivi en temps réel par localisation GPS. Chacune des sociétés dispose d'un local de supervision pour cela.

Publié le 22 septembre 2022

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