Apparues dans la plus stricte intimité en 2015, les voies réservées à certaines catégories de véhicules incluant le covoiturage se développe depuis la Convention Citoyenne pour le Climat de juin 2020 qui a choisi de généraliser l'aménagement de voies réservées aux véhicules partagés notamment sur les voies d'accès aux grandes villes.
Les premières sont déjà en place et de nombreuses autres se profilent à l'horizon. Afin de faire respecter leur utilisation, les radars permettant le contrôle des véhicules y circulant se multiplient.
Les voies réservées pour covoiturage
Les voies réservées à certaines catégories de véhicules ne sont pas nouvelles mais jusqu'à présent, on les rencontraient essentiellement en ville et elles étaient destinées à la circulation des bus et des taxis.
Avec les nouveaux enjeux environnementaux et de mobilité, de nouvelles voies réservées au covoiturage et à d'autres véhicules ont fait leur apparition. Ce type de voie que l'on dénomme également "VR2+" permet d'accroître le nombre de personnes transportées, sans augmenter le nombre de véhicules.
Elles font l'objet d'une signalisation nouvelle et spécifique expérimentée à l'échelle nationale qui permet d'indiquer aux usagers la présence d'une voie réservée mais également de savoir quels types de véhicules peuvent l'emprunter.
Panneau signalant la présence d'une voie réservée
Les catégories d'usagers ou de véhicules autorisés sur ces voies sont les véhicules transportant au moins 2 occupants, les véhicules de transport en commun, les taxis et les véhicules classés Crit'Air 0. Certains de ces usagers peuvent être exclus sur certains axes, c'est notamment le cas pour les véhicules à très faibles émissions. Dans ce cas, leur pictogramme est barré sur les panneaux installés à l'entrée de la voie réservée.
La première voie réservée au covoiturage a été mise en place à Mérignac en 2015 en autorisant la circulation des véhicules comportant plusieurs occupants à emprunter un couloir de bus d'une longueur totale de 1200 mètres. Cette voie est toujours active à ce jour.
En 2018, une autre voie de covoiturage a vu le jour sur le dernier kilomètre de l'A411 avant l'arrivée à la douane de Thônex-Vallard. Elle n'est activée qu'aux heures de pointe.
Mais c'est en 2020 que les voies de covoiturage ont commencé à s'imposer plus largement lorsqu'elles ont été mises en place sur des voies structurantes d'agglomération à Grenoble sur l'A48 et à Lyon sur les M6 et M7. Elles couvrent un total de 24 kilomètres.
Depuis d'autres voies réservées sont apparues sur la M35 à Strasbourg et sur des axes de moindre importance comme la D936, le contournement de Fargues Saint-Hilaire (33) ou encore la D3508 au nord d'Annecy (74).
Mais leur multiplication est annoncée dans les prochaines années. Le plus gros chantier sera la mise en place de voies réservées pour le covoiturage sur le périphérique de Paris ainsi que sur l'A1 et l'A6a avant les Jeux Olympiques de 2024. Plus près de nous, elles arrivent sur le boulevard de la Prairie de Mauves à Nantes et sur l'A502 à Aubagne (13). Et beaucoup d'autres axes sont à l'étude comme la N88 à Saint-Etienne, l'A150 près de Rouen ou encore la rocade de Bordeaux et celle de Dijon.
Panneau lumineux signalant une voie réservée
Déjà 5 radars installés
L'efficacité des voies réservées passe par un contrôle performant des véhicules qui l'emprunte en vérifiant par plusieurs moyens que ceux présents sur la voie sont bien autorisés à y circuler.
Pour cela, la Loi d'Orientation des Mobilités votée fin 2019 prévoit la mise en place d'un contrôle des véhicules avec des dispositifs fixes ou mobiles de type automatisés permettant "la constatation des infractions résultant de la violation des règles de circulation relatives à l'usage d'une voie réservée".
Cinq radars fixes surveillent déjà des voies réservées. Le premier se trouve sur l'A48 à Grenoble, le deuxième sur la M7 au sud de Lyon et le troisième sur la M6 au nord de Lyon. Les deux derniers viennent tout juste d'être installés sur la D3508 au nord d'Annecy. Il s'agit à chaque fois du même modèle développé par la société Pryntec.
Ce dispositif que l'on peut apparenter à un radar permet de compter le nombre d'occupants à bord d'un véhicule, qu'ils soient installés à l'avant comme à l'arrière. Cette solution réunie plusieurs technologies au sein d'un totem installé sur le terre-plein central dont un capteurs LAPI et des algorithmes de deep learning pour analyser les images fournies par les capteurs vidéos. La technologie semble au point puisque le taux de fausse détection est évalué moins de 1 %, peut importe qu'il y ait un mannequin sur un des sièges ou un jeune enfant dans un siège bébé.
Pourtant, les contrôles ne sont pour l'heure que pédagogiques. Si vous circulez en infraction sur cette voie réservée, un panneau à message variable vous le rappellera en indiquant une partie de votre plaque d'immatriculation.
Panneau pédagogique signalant une infraction
Crédit photo : Pryntec
Vous risquez tout de même une amende de 135 euros si vous empruntez ces voies sans en avoir le droit mais pour cela, il faudra un contrôle mis en place par les forces de l'ordre.
D'autres radars en test
Si la solution développée par Pryntec semble la plus avancée, ce n'est pas la seule qui existe sur le marché. Deux autres sociétés sont sur les rangs et leurs systèmes sont en test sur le périphérique de Paris depuis plusieurs mois au niveau de la Porte de Montreuil.
Le premier est le système de comptage du nombre d'occupants dans les véhicules dénommé HOVY qui est développé par la société Fareco. Il se compose de plusieurs caméras installées à quelques mètres d'intervalle.
Le second est le système Carpooling mis au point par la société Cyclope.ai en association avec Cegelec. Ici, toutes les caméras sont installées dans un gros boitier.
S'ils ne se présentent pas tous sous la même forme, tous ces "radars" fonctionnent de la même façon avec des caméras latérales et frontales associées à des illuminants infrarouges qui permettent d'obtenir des images de l'intérieur des véhicules même dans des conditions d'éclairage et météorologique difficiles.
Les images sont analysées par un logiciel piloté par une intelligence artificielle avec auto-apprentissage qui permet de déterminer avec précision le nombre d'occupants dans un véhicule.
Exemple de détection de personnes
Ils disposent également d'un lecteur de plaque d'immatriculation qui permet d'interroger la base de données Certificat Qualité de l'Air (CQA) pour définir le classement Crit'Air des véhicules ou de consulter les bases de listes blanches locales ou nationales.
Pour autant, même si les systèmes semblent au point, qu'une "mission contrôle automatisé" à déjà mis en place l'architecture nécessaire et que la législation est en place, la verbalisation automatisée n'est pas pour tout de suite puisque les différents dispositifs sont loin d'avoir reçu l'homologation obligatoire pour qu'ils commencent à envoyer des PV.
Publié le 21 novembre 2022