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Dans son communiqué de presse présentant les résultats provisoires des accidents de la route pour l'année 2018, la Sécurité routière a communiqué plusieurs chiffres en rapport avec le passage au 80 km/h sur les routes secondaires.
Nous vous les présentons avec quelques éléments de comparaison et nous vous laissons le soin de juger de l'utilité de cette mesure et de l'utilisation de ces chiffres pour la justifier...
Avant même de vous parler de quelques chiffres que ce soit, il est bon de faire remarquer que la Sécurité routière a présenté des chiffres constatés sur une période de seulement 6 mois. Pourtant, lors du débat sur les résultats de l'accidentologie dans les zones tests du 80 km/h, elle avait affirmé "que seule une période de 5 ans permet d'apprécier des phénomènes accidentologiques"!
Cette fois, il n'est fait aucune mention de cette durée d'appréciation dans le communiqué de presse...
Le chiffre choc publié par la Sécurité routière est celui qui indique que 116 vies ont été épargnées sur les routes au cours du second semestre de l'année 2018 grâce au passage au 80 km/h.
Dans le détail, on apprend que 189 vies ont été sauvées en 2018 par rapport à l'année dernière dont 168 sur le réseau hors agglomération et hors autoroute.
Remarquons tout d'abord que dans cette phrase, il n'est en aucun cas fait mention uniquement des routes limitées à 80 km/h car même hors agglomération et hors autoroute, toutes les routes ne sont pas limitées à 80, il existe toujours des zones lmitées à 90 mais aussi beaucoup de zones 70 et même désormais des zones limitées à 90 dans un sens et 80 dans l'autre... La Sécurité routière avait pourtant bien fait mention de cette différence et pris soin de sortir de la comparaison les accidents ayant eu lieu dans les zones limitées à 70 lors de son analyse du bilan des routes tests à 80 km/h.
Ensuite, en y regardant de plus près, on s'aperçoit qu'il y a une différence entre le nombre de vies épargnées au premier semestre et au second semestre 2018.
En effet, lors des six premiers mois de l'année, alors que l'on ne roulait pas à 80 km/h, ce sont 108 morts en moins qui ont été enregistrés par rapport à l'année 2017. Au cours du second semestre, ce chiffre est tombé à seulement 81!
Pour "sortir" un excellent chiffre sur le second semestre, c'est à dire les 116 morts en moins, la sécurité routière ne se base plus sur la comparaison avec la seule année 2017 mais sur celle de la moyenne du nombre de morts enregistrés au cours des 5 dernières années... Et effectivement, entre 2013 et 2017, ce sont en moyenne 1866 morts qui sont constatés sur le réseau routier métropolitain. Au cours du second semestre 2018, il y en a eu 1739 soit 127 de moins que la moyenne. 116 auraient donc été gagnés sur les routes à 80 et seulement 11 sur les autres types de routes.
Dans son communiqué, la Sécurité routière indique également que 60 vies supplémentaires auraient pu être épargnées en 2018 sans la vague de dégradations qui a touché les radars en novembre et décembre puisque, au cours de ces deux mois, les excès de vitesse ce sont multipliés.
Ce chiffre de 60 vies épargnées en 2 mois semble quand même assez surprenant. Déjà parce que la forte hausse du nombre de dégradations de radars n'a réellement débuté qu'à partir du 17 novembre et ne concerne donc que la moitié du mois. Mais également parce que 60 morts en moins en 2 mois, ce serait presque autant qu'au cours des 4 mois précédents.
Entre juillet et octobre, il y a eu 81 décès enregistrés en moins sur les routes notamment car le nombre de morts a fortement augmenté au mois de septembre alors que tous les radars étaient bien en service...
Pour vérifier l'efficacité de la mesure, la Sécurité routière a demandé au CEREMA d'effectuer une grande campagne de mesure des vitesses pratiquées sur les routes passées à 80 km/h.
Les premiers résultats avec les données collectées sur 50 points d'observation répartis dans 20 départements montrent qu'au cours de six premiers mois de la mesure, la vitesse moyenne pratiquée par les usagers de la route était en baisse de 3,9 km/h en passant de 87 km/h à 83 km/h.
En regardant ces chiffres, on constate tout d'abord que cette mesure a créé une explosion du nombre d'usagers de la route en infraction puisque la vitesse moyenne pratiquée est désormais bien supérieure à la limitation de vitesse!
On remarque aussi que les chiffres présentés sont bien différents des chiffres officiels présentés par la sécurité routière chaque année dans son Observatoire des vitesses. A titre de comparaison, ce document indiquait qu'en 2017, la vitesse moyenne pratiquée sur les routes limitées à 90 km/h était de seulement 82 km/h soit 5 km/h de moins que ce qu'a mesuré le CEREMA...
En voulant à tout prix justifier sa mesure, la Sécurité routière semble avoir sorti un bilan beaucoup trop hâtif sans même y ajouter les réserves correspondantes car non seulement la période est trop courte, mais en plus, les chiffres sont basés sur des résultats qui ne sont que des estimations provisoires.
L'année dernière, la Sécurité routière ne souhaitait pas publier les résultats de l'accidentologie dans les zones où était testé le 80 km/h en indiquant que les résultats ne pouvaient pas être significatifs car ils ne portaient que sur une période de deux ans!
De plus, ce bilan est basé sur des chiffres non définitifs... A titre de comparaison, les résultats mensuels provisoires du second semestre 2017 faisait état de 1 810 morts sur la route. Au final, les résultats définitifs ont dénombré 10 morts de plus avec notamment 9 morts de plus dans le bilan définitif du mois de décembre.
Le délégué interministériel a même révélé la supercherie qui se cache derrière ces chiffres. Dans un reportage diffusé sur France 2 hier soir, il a bien indiqué que ces résultats étaient issus d'une évaluation à partir des accidents hors agglomération tout en précisant que ces estimations "sont suffisamment éloquentes pour pouvoir être indiquées avec précision"....