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Devant la montée du mécontentement face à la mesure d'abaissement de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires mais aussi pressée par les sénateurs, la sécurité routière vient enfin de rendre public le bilan de l'expérimentation effectuée par le CEREMA. Vous pouvez le télécharger sur cette page.
Avant même de le consulter, on remarque que ce bilan publié en décembre 2017 ne porte que sur l'observations des vitesses pratiquées et non sur les résultats de l'accidentalité qui d'après notre étude montre une hausse du nombre de victimes.
Encore une fois, on remarque la totale hypocrisie de cette étude puisque entre ce que décrit le CEREMA et ce que l'on peut voir dans les chiffres, il y a une réelle différence! Et cela sans compter sur les approximations de leurs mesures moyennes ou encore le positionnement parfois étranges des points de contrôles radars...
La Délégation à la Sécurité Routière a demandé au CEREMA d'effectuer une étude concernant l'évaluation de la baisse de la vitesse pratiquée dans les trois zones où l'abaissement de la vitesse maximum à 80 km/h a été testé.
Pour cela, sept campagnes de mesures ont été effectuées sur deux ans entre juin 2015 et mai 2017. La première ayant été effectuée avant la mise en place de la limitation à 80 km/h. Elles ont porté sur les 86 kilomètres de routes concernées, c'est à dire la N7 dans la Drôme, la N57 dans la Haute-Saône et la N151 dans la Nièvre et l'Yonne mais également sur un site témoin dans le Gard sur la N580.
Les radars utilisés par le CEREMA ont permis d'obtenir des résultats selon trois catégories « tous usagers », « véhicules légers » et « poids lourds ». Mais d'autres données détaillées sont également disponibles dans le rapport à savoir, la vitesse moyenne, le nombre de véhicules observés, les volumes de trafic, les pourcentages d'usagers dépassant la vitesse limite autorisée.
Comme on le voit, les vitesses moyennes pratiquées par les véhicules légers mais aussi leur évolution durant la période de test sont très différentes selon les sites d'études. Pourtant dans le bilan, le CEREMA écrit bien que "les trois itinéraires de l'expérimentation suivent dans l'ensemble une tendance similaire"!
La N57 est la zone la plus courte où la vitesse a été abaissée à 80 km/h. Ces 13 kilomètres de nationale qui sont situés entre deux portions de 2x2 voies, sont entrecoupées de 2 zones limitées à 60 km/h et on y trouve un radar fixe.
Sur cet axe, l'effet de l'abaissement a été le plus significatif puisque la vitesse moyenne dépassait les 90 km/h avant le passage à 80 km/h alors qu'elle n'est plus que de 81 km/h en mai 2017 avec une baisse continuelle entre juin 2015 et mai 2017.
Sur la N7, la vitesse moyenne pratiquée avant même l'abaissement de la vitesse à 80 km/h était déjà bien en dessous de 90 km/h. Il faut dire que cet axe est le plus utilisé avec plus de un million de véhicules enregistrés lors de chaque campagne de mesures. Il s'agit en plus d'une zone très urbanisée avec plusieurs traversées d'agglomérations et de zones limitées à 70 km/h.
Sur cet axe où sont également installés deux radars fixes, le passage à 80 km/h a fait chuter la vitesse moyenne à 76.3 km/h dès la mise en place de la nouvelle limitation. Mais cela n'a pas duré puisque lors de toutes les campagnes de mesures suivantes, la vitesse moyenne a continuellement augmentée pour finir à 78.5 km/h en mai 2017.
La N151 est le plus long tracé étudié, sur cet axe qui est également le plus rural et celui des trois qui supporte le moins de trafic, l'abaissement de la vitesse à 80 km/h n'a quasiment eu aucun effet.
En juin 2015, la vitesse moyenne enregistrée était de 83.7 km/h. Si elle a bien diminuée juste après la mise en place de la mesure avec 77.7 km/h en juillet 2015, elle est remontée continuellement jusqu'en mai 2017 pour revenir à 83 km/h.
On remarque même que la vitesse moyenne des poids-lourds est en hausse puisqu'elle est passée de 75,6 km/h avant le 80 km/h à 77,4 km/h après deux ans d'expérimentation...
Pour le CEREMA, "la vitesse limite autorisée a une incidence significative sur les vitesses pratiquées" et "à une baisse de la vitesse limite autorisée correspond une baisse des vitesses pratiquées", mais nous ne sommes pas du tout de cet avis!
Tout d'abord car, comme nous venons de le voir, la situation est très différente sur les trois portions de nationales étudiées. En effet, dans son rapport le CEREMA calcule des moyennes en prenant en compte les trois axes comme s'ils étaient identiques. Faire une moyenne sans tenir compte de la longueur de la voirie concernée fausse déjà tout le résultat puisque c'est sur l'axe le plus long que l'effet du 80 km/h se fait le moins sentir...
En effectuant une moyenne pondérée en fonction du nombre de kilomètres qui constituent ces axes, nous obtenons une vitesse moyenne de 84,3 km/h avant le passage à 80 km/h puis 81.75 km/h deux ans après le début du test. Certes la vitesse moyenne de circulation est bien en baisse de -2.55 km/h mais c'est deux fois moins que ce qu'indique l'étude.
Mais aussi parce que, comme nous l'avons vu, ces axes sont très différents. Entre un axe court très urbanisé, un axe court entre deux portions de 2x2 voies et un axe long très rural, celui qui se rapproche le plus de la majorité des 400 000 kilomètres de routes principales qui seront concernées par l'abaissement de la vitesse à 80 km/h c'est bien plus le plus rural. Et c'est celui où l'abaissement n'a eu pratiquement aucun effet sur les vitesses pratiquées, voir même pire puisque c'est le seul axe où la vitesse des poids-lourd a augmenté!