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Depuis le mois d'avril 2018, des voitures radars capables de contrôler la vitesse en circulation ont été confiées à des chauffeurs employés par la société privée Mobiom dans les départements de la région Normandie. Dans une réponse à une question écrite d'un sénateur, le ministère de l'Intérieur nous en apprend plus sur l'utilisation et l'activité de ces véhicules.
Comme nous le savions déjà, l'utilisation de ces véhicules s'est cantonnée aux seuls départements de l'Eure à partir du mois d'avril puis au département de Seine-Maritime au mois de juin avant d'être étendu au mois de septembre aux départements de la Manche, de l'Orne et du Calvados.
Au mois d'octobre 2018, alors que seulement 16 voitures radars étaient en service, 190 missions de contrôles ont été effectuées. Comme les contrôles peuvent avoir lieu tous les jours de la semaine, cela représente à peine 6 sorties de véhicules par jour, chaque véhicule étant utilisé en moyenne 12 jours par mois.
Les missions sont de courtes durée puisque, en octobre, les véhicules ont été utilisés durant seulement 745h soit en moyenne des sorties de 3h55.
Enfin, on apprend lors de chaque sortie ce sont en moyenne 200 kilomètres qui sont parcourus soit un total de 38 000 km parcourus au mois d'octobre 2018.
En plus d'être moins utilisées que prévu, les voitures radars privatisées verbalisent très peu. En effet, les missions de contrôles n'ont permis de constater que 2 248 infractions! La rédaction de la réponse laisse supposer que ce chiffre ne concerne que le nombre d'infractions constatées au mois d'octobre 2018.
Pour 190 opérations de contrôles menées, cela ne représente donc seulement que 12 infractions en moyenne soit 3 par heure de contrôle.
Et encore, toutes les infractions ne sont pas suivies par une verbalisation puisque ce sont 1 873 avis de contravention qui ont été expédiés aux contrevenants. Cela représente malgré tout un excellent taux de conversion qui s'établit à 83%. A titre de comparaison, le taux moyen de conversion tous types de radars confondus est d'environ 75%.
Les chiffres présentés ci-dessus font nous poser beaucoup de questions...
Alors qu'ils devraient être utilisés au moins 7 heure par jour, cela est pour le moment loin d'être le cas puisque selon les chiffres fournis, cela représente une utilisation moyenne de 1h30 par jour, c'est-à-dire que ces véhicules ne sont pas plus utilisés que ceux confiés aux forces de l'ordre...
Pourquoi une si faible utilisation? Des problèmes pour recruter des chauffeurs? Une rentabilité trop faible par rapport au coût?
De plus, on ne peut-être que surpris par la faible distance parcourue lors des missions de contrôles. En effet, en ne parcourant que 200 kilomètres en 3h55, cela représente une vitesse moyenne de seulement 51 km/h! Certes, les voitures radars mobiles mobiles doivent circuler en dessous des limitation de vitesse pour flasher plus, mais cette pratique est normalement interdite pour les voitures privatisées puisque contractuellement, les chauffeurs doivent toujours circuler à la vitesse maximum autorisée. De plus, ces voitures ont très souvent été repérées sur l'A13 ou sur les grandes départementales de Normandie alors que la ville n'est pas leur terrain de prédilection.
Pourquoi une si faible vitesse moyenne alors que ces véhicules ne peuvent pas être utilisés à l'arrêt?
Enfin, le nombre de verbalisation est vraiment très faible. En 2017, les voitures radars mobiles mobiles confiées aux forces de l'ordre ont enregistré en moyenne 13 infractions par jour. Alors que sur le mois d'octobre 2018, les voitures radars privatisées en enregistraient près de trois fois mois avec moins de 5 par jour...
Avec moins de 5 flashs en moyenne par jour et un taux de conversion des flashs en PV de 83%, ces voitures radars ne sont pas rentables puisque le marché public d'externalisation de la conduite prévoit une rémunération moyenne de 100 000 euros par véhicule qui s'ajoute aux 100 000 euros dépensés pour l'achat du véhicule et de l'équipement radar.
Reste à savoir également si cette faible utilisation et cette faible verbalisation est le fait de la mise en cause de la légalité du marché public. Ou encore si celles-ci retardent l'extension de la privatisation des contrôles aux régions voisines de Bretagne, Pays-de-la-Loire et Centre Val de Loire puisque les marchés publics correspondants qui étaient attendus à l'automne n'ont toujours pas été publiés par la Sécurité routière.