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Comme d'habitude avec les mesures impopulaires, le gouvernement laisse fuiter ses intentions dans la presse avant de se rétracter et de dire que rien n'est encore décidé. C'est bien sûr encore le cas avec l'abaissement de la vitesse maximum autorisée à 80 km/h sur les routes sans séparateur central.
Le premier article paru dans Le Point le 1er décembre à fait beaucoup parlé. Tout d'abord, c'est le ministère de l'Intérieur avec Jacqueline Gourault qui a expliqué à l'Assemblée nationale que la baisse des vitesses maximales était bien en réflexion mais qu'aucune décision n'avait encore été prise. Puis c'est le Premier ministre, qui a expliqué clairement qu'il était favorable à cet abaissement.
Mais ce qui laisse toujours plus penser que la décision est bien prise c'est la Sécurité Routière qui vient d'envoyer un dossier à tous les préfets pour expliquer la mesure et donner tous les éléments de langages et autres arguments à fournir à la presse!
Le document débute par un rappel du contexte puisque après 12 années consécutives de baisse de la mortalité routière, le nombre de morts sur les routes de France est reparti à la hausse depuis 2014. En 2016, "plus de la moitié de la mortalité routière (55 %), soit 1 911 personnes tuées, est survenue sur les routes bidirectionnelles hors agglomération, majoritairement limitées à 90 km/heure".
Comme "la vitesse excessive ou inadaptée aux circonstances est présente dans 32 % des accidents", "la baisse des vitesses maximales autorisées (VMA) sur les routes où la mortalité routière est la plus forte, en passant de 90 à 80km/h, pourrait donc orienter durablement la courbe de la mortalité routière à la baisse".
A 80 km/h, tout est mieux! C'est en substance ce que dit également le document. En effet, les distances d'arrêt sont réduites de 25 mètres par rapport à 90 km/h, on économise en moyenne 120 euros de carburants par an et on pollue moins.
Le tout est résumé dans une infographie.
Le document se termine par une série de questions/réponses pour appuyer les arguments en faveur du 80 km/h et donner d'autres explications sur la mesure.
Tout d'abord, on y apprend que l'expérimentation menée sur 81 km de routes nationales depuis 2015 ne peut pas suffire à justifier la généralisation du 80 km/h à tout le territoire... En effet, puisque "si les données d’accidentalité disponibles ont marqué une tendance positive, la période considérée et le faible nombre de kilomètres concernés sont cependant trop réduits pour pouvoir en tirer des conclusions définitives, cinq années étant le délai scientifique retenu dans ce type d’études".
Mais ce n'est pas grave puisque sur ces axes on a constaté "une diminution desvitesses moyennes" de l'ordre de 2 à 9 km/h... Or selon les chercheurs Göran Nilsson et Rune Elvik, "une variation de la vitesse de 1 % induit une variation du nombre d’accidents corporels de 2 % et une variation du nombre d’accidents mortels de 4 %". Même si cette formule n'a jamais été démontrée, les experts du Conseil National de la Sécurité Routière estime sur cette base qu'en abaissant la vitesse à 80 km/h, ce sont entre 200 et 400 vies qui seront sauvées.
Pour finir de nous convaincre, des exemples d'autres pays où la vitesse a été réduite sont présentés notamment les cas de la Suède et de la Norvège où les vitesses ont été abaissées il y a de nombreuses années et qui ont aujourd'hui les meilleurs résultats en sécurité routière sur l'ensemble des pays européens. Mais aussi celui de l'Allemagne puisque la vitesse sur le réseau secondaire est de 100 km/h mais que de nombreuses portions sont à 70 ou 80 lorsque l'état de la route l'impose.
On apprend ensuite que pour passer de 90 à 80 km/h sur les routes bidirectionnelles, il ne faudra pas plus de 6 mois. En effet, seulement 20 000 panneaux 90 seraient à changer et encore pour une application plus rapide, un simple bâchage de ces panneaux est envisagé. Mais "afin de favoriser l’acceptabilité et l’adoption de cette réglementation", le Gouvernement souhaite que 20 000 panneaux 80 supplémentaires soient apposés.
La Sécurité Routière indique également que la mesure concernerait environ 400 000 kilomètres de voies. Et là on se demande bien comment un tel chiffre est possible... En effet, le réseau routier français est estimé à 1 million de kilomètres or sur ce total il n'y a pas 600 000 kilomètres de voies avec séparateur central ou de voie en agglomération. Pour en arriver à 400 000 kilomètres, il faut donc estimer que toutes les routes communales sont en agglomération...
Enfin, on comprend que tous les véhicules seront limités à la même vitesse puisque la limitation de vitesse des poids-lourds restera bien à 80 km/h, tout comme celle des conducteurs novices.
Pour terminer, le document ne répond pas à la question posée : "Quel impact cette mesure pourrait-elle avoir sur le nombre d’infractions enregistrées par les radars automatiques ?" hormis en disant qu'il "n’est pas question de rajouter des radars supplémentaires". La réponse est pourtant simple, l'activité des radars automatiques est multiplié par 4 avec le 80 km/h. Et pour affirmer cela nous disposons bien des chiffres dans la zone d'expérimentation!