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Comme annoncé depuis déjà plusieurs semaines grâce à des fuites bien organisées, la vitesse maximum autorisée va être abaissée de 90 à 80 km/h sur le réseau secondaire. Voici tout ce qu'il faut savoir sur cette nouvelle mesure confirmée lors du dernier conseil interministériel de la sécurité routière.
Le décret modifiant l'article R413-2 du Code de la Route sera publié dans les prochaines semaines au Journal Officiel pour une application à partir du 1er juillet 2018.
Ce délai de 6 mois n'est pas seulement imposé par le temps nécessaire à la modification de la législation, il est également indispensable pour la faire appliquer. En effet, avant de mettre en place cette mesure, il faut recenser tous les panneaux 90 actuellement installés puis pouvoir les changer avant son application. Si tous les panneaux ne peuvent pas être changés dans les temps, la réglementation autorise également leur bâchage temporaire.
L'abaissement de la vitesse à 80 km/h concernera toutes les routes à double sens sans séparateur central. A quelques exceptions près puisque même sans séparateur, les routes à deux fois deux voies et les routes à trois voies qui sont conçues pour permettre des dépassements sécurisés ne seront pas concernées.
Si le gouvernement communique sur un total de 400 000 kilomètres de routes qui verrait leur limitation de vitesse abaissée à 80km/h, on ne peut que remettre en cause cette estimation très basse. En effet, ce chiffre ne semble prendre en compte que les routes nationales et les routes départementales sans séparateur central. Mais il oublie totalement de comptabiliser la voirie communale dont la longueur totale est estimée à plus de 640 000 km et qui n'est pas composée uniquement de rues limitées à 50 km/h mais bien en grande partie par des voies communales limitées à 90 km/h.
Avec le passage de 90 à 80 km/h, tous les usagers de la route seront limités à la même vitesse maximale autorisée que ce soit les automobilistes, les conducteurs de deux roues motorisées ou encore les poids-lourds (à l'exception de ceux déjà limités à 60 km/h).
De plus, les conducteurs novices avec le permis probatoire, tous comme ceux en conduite accompagnée resteront également limités à 80 km/h.
Dans une des zones où est testé l'abaissement de la vitesse à 80 km/h, une portion anciennement limitée à 70 km/h a également été abaissée à 60 km/h. En effet, comme vous pouvez le voir ci-dessous, la vitesse maximum autorisée dans la traversée du hameau de Maison Neuve sur la commune de Quenoche est signalée par un panneau 60.
Si un abaissement systématique de la vitesse à 60 km/h dans les zones 70 actuelles n'a pas été annoncé, ce pourrait bien être le cas sur certains axes, il suffira pour cela d'un arrêté préfectoral.
Hors agglomération, la réglementation sur la signalisation routière n’impose pas d’obligation de signaler la vitesse maximale autorisée puisque cette dernière s'applique par défaut dès la fin d'une limitation inférieure ou après une intersection.
Ainsi, le nombre de panneaux 90 actuellement installés est estimé à 20 000. Ils sont principalement implantés en sortie d’agglomération, à la fin d'une limitation à 70 km/h, à l'annonce d'un radar et régulièrement après l'insertion de flux routiers importants (bretelles de sorties d’autoroutes, rocade de villes ou villages). Le coût de remplacement est estimé entre 5 et 7 millions d'euros.
Mais pour "favoriser l'acceptabilité et l'adoption de cette règlementation", le gouvernement souhaite en plus de remplacer les panneaux 90 existants en faire installer 20 000 supplémentaires.
De plus, comme certaines portions de routes à 3 ou 4 voies ne seront pas concernées par l'abaissement, cela nécessitera la pose de panneaux 90 en début de section et celle de panneaux 80 en fin de section.
Environ 1000 radars automatiques sont installés sur des routes à double sens sans séparateur central actuellement limitées à 90 km/h. Ce chiffre comprend tous les types de radars: radar fixe, radar double sens, radar discriminant et radar tronçon. Il faut aussi y ajouter plus de 200 radars autonomes qui sont déplacés régulièrement mais qui restent bien installés en permanence dans les zones de contrôles leurre.
Comme les radars fixes flashent quatre fois plus avec la limitation à 80 km/h, on peut estimer que les recettes générées par les radars fixes vont bondir puisque leur activité pourrait passer de 2 à 8 millions de flashs chaque année!
Et encore, cela est sans compter sur les radars mobiles dont la privatisation qui va débuter début 2018 se concentrera essentiellement sur le réseau secondaire limité à 80 km/h.
Comme on vient de le voir, l'abaissement de la vitesse maximum autorisée va générer plusieurs centaines de millions d'euros supplémentaires grâce aux contrôles radars.Contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, le gouvernement souhaite à partir de 2019 allouer le surplus de recette à un fonds d'investissement pour la modernisation des structures sanitaires et médicosociales destinées à la prise en charge des accidentés de la route. Cette mesure doit être incluse dans le cadre du projet de loi de finances pour l'année prochaine qui sera débattu à partir du mois d'octobre.
Reste à savoir comment le gouvernement va définir le montant du surplus des recettes perçues lié à l'abaissement des vitesses maximales.... En tout cas, nous ne disposerons pas de moyens pour vérifier ces chiffres puisque si ce sera possible de calculer la hausse d'activité des radars fixes situés en zone 80, ce sera impossible avec les radars mobiles.
Afin de mesurer l'impact de cette mesure, le gouvernement a décidé de publier un bilan au 1er juillet 2020. Il devra permettre d'étudier avec précision et objectivité l'impact du passage de la vitesse à 80 km/h sur l'accidentalité dans les zones concernées.