Trois ans après les gilets jaunes, les radars détruits sont-ils tous revenus?

Il y a quelques mois, en réponse à une question parlementaire, le ministère de l'Intérieur déclarait que tous les radars fixes détruits en marge du mouvement des gilets jaunes étaient de nouveau opérationnels ou le seraient à la fin du premier trimestre 2021. Une affirmation réitérée dans un document budgétaire publié à la même période.

Trois ans après l'épisode des gilets jaunes, nous avons voulu faire le point et vérifier ces propos.

Un quart des radars fixes détruits

Le vandalisme sur les radars automatiques est présent depuis l'installation des premières cabines en 2003 mais il a atteint sont paroxysme entre novembre 2018 et mars 2019, période durant laquelle près d'un quart du parc des radars a été détruit.

Suite à cet épisode, les services de l'Etat ont décidé dans l'urgence de remplacer tous les radars fixes hors-service par de nouveaux radars tourelles considérés comme moins accessibles et plus difficilement vandalisables.

Restés bâchés durant de longs mois, le ministère de l'Intérieur affirme que l'intégralité des radars fixes détruits avaient été démontés à la fin du mois de décembre 2019.

Si vous passez par Avignon, vous repenserez à ces propos en voyant encore aujourd'hui les carcasses calcinées de deux cabines installées côte à côte sur la rocade Charles de Gaulle... Idem à Vincey (88) où un radar discriminant incendié gît à moitié couché dans les herbes hautes.

Le remplacement des radars

Le remplacements des radars fixes détruits lors de la crise des gilets jaunes a débuté seulement quelques mois plus tard en juin 2019 avec les premières cabines installées dans le Loiret.

Les braises de la contestation étaient encore chaudes et le rythme des remplacements à tout d'abord été timide pour limiter le risque de nouvelles dégradations avant d'arriver à une quinzaine de nouvelles cabines chaque semaine. 506 radars tourelles étaient ainsi installés en juin 2020 et plus de 1 000 le sont à ce jour mais certains d'entre eux sont arrivés sur de nouveaux emplacements.

Malgré cela, peut-on confirmer les propos du ministère de l'Intérieur qui déclare que "à la fin du mois de décembre 2020, l'intégralité des radars fixes détruits (hors autoroutes) a été remplacée par des radars tourelles"?

Une centaine de radars manquants

Notre base de données nous indique qu'à ce jour, environ 230 radars fixes ne sont plus en place mais certains ont simplement été démontés pour cause de travaux notamment sur la RCEA. De nombreux autres radars manquants ont bien été détruits mais après la période mentionnée dans la réponse parlementaire ou alors à une date que nous n'avons pas pu confirmer. Enfin, d'autres sont des radars feux rouges ou des radars tronçons que nous n'avons pas inclus.

D'après notre décompte, au moins 82 radars fixes (hors autoroutes) détruits entre fin 2018 et fin juin 2019 n'ont toujours pas été remplacés.

Pour vous laissez vérifier par vous-même, en voici la liste:

Jasseron (01), Essises (02), Néris-les-Bains (03), Bessay-sur-Allier (03) x2, Entrages (04), Eze (06), Dunière-sur-Eyrieux (07), Saint-Étienne-de-Valoux (07), Saint-Rémy-de-Provence (13), Glanville (14) Vire Normandie (14), Angoulême (16), Lagarde-Enval (19), Fenay (21), Ouges (21), Brusvily (22), Plémet (22), Saint-Brandan (22), Présentevillers (25), Pierrelatte (26), Étoile-sur-Rhône (26), Ploudaniel (29), La Cadière et Cambo (30), Ribaute-les-Tavernes (30), Grenade (31), Plaisance-du-Touch (31), Gujan-Mestras (33), Saint-Laurent d'Arce (33), Les Matelles (34), Bédarieux (34) x2, Saint-Jean-sur-Vilaine (35), Anthon (38), Estrablin (38), Lubbon (40), Montrond-les-Bains (42), La Versanne (42), Le Puy-en-Velay (43), Saint-Paul-de-Tartas (43), Raucoules (43), Malvalette (43), Saint-Herblain (44), Vallet (44), Chantecoq (45), Bucy-Saint-Liphard (45), Léobard (46), Vianne (47), Balsièges (48), Barjac (48), Angers (49), Saint-Jean-des-Champs (50), Couvrot (51), Les Petites-Loges (51), Vauclerc (51), Longeau-Percey (52), Roches-sur-Marne (52), Jublains (53), Saint-Germer-de-Fly (60), Auteuil (60), Nointel (60), Humières (62), Herrère (64), Montfort (64), Buziet (64), Orleix (65), Chalon-sur-Saône (71), Saint-Cyr (71), Le Mans (72), Paris (75) x2, Ectot-lès-Baons (76) x2, Mantes-la-Ville (78), Saint-Germier (81), Sorèze (81), Saint-Etienne-de-Tulmont (82), Réalville (82), Cuers (83), Vedène (84), Avignon (84), Grillon (84), Sorgues (84), Saint-Hilaire-de-Riez (85), Availles-en-Châtellerault (86), Angeot (90) x2, Ormoy-la-Rivière (91).

Précisons que dans cette liste, quelques radars ne reviendront jamais. Par exemple à La Cadière et Cambo ou Buziet où un autre radar tourelle est installé à proximité ou alors parce que depuis leur destruction des travaux sont en cours (Angers) ou la voirie a été réaménagée comme à Cuers avec la création d'un giratoire. Il y a également le cas de Paris où des radars tourelles ne peuvent être installés dans les rues...

La réponse parlementaire indique également que "à la fin du 1er trimestre 2021, 100% des radars fixes détruits sur autoroutes auront été remplacés".

Là encore, on est loin du compte. En élargissant notre recherche aux voies rapides et aux autoroutes, où sont plutôt installés des radars double face que des radars tourelles en remplacement des radars détruits, il manque toujours au moins 21 cabines:

Pérouges (01), Sainte-Soulle (17), Criquebeuf-sur-Seine (27), Le Relecq-Kerhuon (29), Bègles (33), Roussillon (38), Bousbach (57), Bierne (59), Bassussarry (64), Rillieux-la-Pape (69), Guerville (78), Les Adrets-de-l'Estérel (83) x2, Tanneron (83), Avignon (84) x2, Orange (84), Vouneuil-sous-Biard (86), Pierre-Buffière (87), Vincey (88).