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Si on savait déjà que les radars avaient moins flashé l'année dernière qu'en 2017, notamment à cause de la forte hausse du vandalisme, on ne connaissait pas encore l'ampleur des pertes de recettes pour les finances de l'Etat. On en a désormais une idée et le montant est très important.
Alors que le gouvernement ne souhaite pas encore communiquer sur les recettes générées par les radars automatiques, le président de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF) a apporté des informations à ce sujet devant la commission du développement durable de l'Assemblée nationale.
En effet, l'AFITF est un des nombreux bénéficiaires de la manne financière générée par les amendes forfaitaires encaissées via les radars automatiques et il en était même ces dernières années celui qui en recevait le plus.
Mais la part des recettes reversées à l'AFITF l'est d'une manière particulière. En effet, c'est l'organisme qui est servi en dernier et qui reçoit ainsi le reliquat de ce qui n'a pas été distribué aux autres bénéficiaires, c'est-à-dire, en premier lieu pour le fonctionnement du système radars (308 M€), puis pour le désendettement de l'Etat (95 M€) et les collectivités territoriales (75 M€) soit un total de 478 M€.
Si cela représente un avantage lorsque le produit des amendes est supérieur aux prévisions puisque, l'intégralité de la hausse se retrouve dans les caisses de l'AFITF, ce n'est plus du tout le cas lorsqu'il est inférieur, puisque c'est alors l'intégralité de la baisse qui n'est plus perçue.
En se basant sur des recettes radars estimées à 928 M€, le projet de loi de finances 2018 prévoyait donc le reversement de 450 millions d'euros à l'AFITF. Hors son président Christophe Béchu a déclaré devant la représentation nationale que son agence n'avait encaissé que 248 M€ au 31 décembre 2018.
Comme toutes les autres lignes de budget ont du être honorées, cela voudrait donc dire que les recettes encaissées par le biais des amendes forfaitaires des radars automatiques n'ont été que de 726 M€ pour l'année 2018.
Même si à ce chiffre il faut encore ajouter le montant des amendes majorées qui devraient être d'environ 170 M€, les recettes radars encaissées au titre de l'année 2018 seront bien inférieures aux prévisions établies avec plus de 200 M€ en moins par rapport au 1.1 milliard d'euros prévu.
Recettes radars depuis 2012 et prévisions pour 2018 et 2019
La baisse des recettes radars s'expliquent essentiellement par la baisse du nombre de flashs. Pourtant, depuis les premières installations de radars au bord des routes de France en 2003, on est habitué à ce que le nombre de flashs des radars soit en progression quasi constante, hormis le gros plongeon enregistré lors de l'année 2013.
Et bien ce ne sera pas le cas en 2018 et la baisse d'activité des radars devrait même atteindre les -15% soit environ 4 millions de flashs en moins!
Pourtant, le passage au 80 km/h a dopé l'activité des radars dans les zones concernées, avec une multiplication par deux des excès de vitesse constatés car sur ces routes, la majorité des véhicules y circulent en excès de vitesse.
Mais l'année dernière, plusieurs phénomènes se sont combinés pour entraîner cette baisse du nombre de flashs.
Tout d'abord, le nombre de radars est resté stable avec peu de nouvelles installations. Mais c'est surtout le retard pris par plusieurs programmes de modernisation du parc qui n'ont pas dopé l'activité des radars. Par exemple, les radars tourelles qui auraient du être mis en service dans le courant de l'année ne le sont toujours pas à ce jour et le nombre de cabines installées (13) est très loin du nombre attendu (455) et elles n'ont toujours pas distribuées le moindre PV.
Ensuite, le nombre de flashs enregistrés pour des véhicules de société est en chute libre depuis la mise en place en 2017 de la désignation obligatoire de la personne responsable de l'infraction. Déjà en recul de 10 % avec 3.2 millions de PV en 2017, la baisse est encore plus importante en 2018.
Enfin, comme en 2013, c'est également la baisse du nombre de radars fixes en service qui explique ce recul. En effet, en 2018, les radars ont subi une vague de dégradations jamais vue auparavant puisque l'on estime qu'au moins de 7 000 actes de vandalisme ont été perpétrés sur les cabines au cours de l'année avec une accélération dans les dernières semaines dans le sillage du mouvement des gilets jaunes.
Même si la situation du parc de radars s'améliore de jour en jour, l'impact des dégradations se fera également sentir sur le nombre de flashs enregistrés en 2019 notamment parce que plus de 500 cabines entièrement détruites resteront hors-service pendant de long mois.
Un des nombreux radars détruits en 2018