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Si vous avez des radars autonomes sur vos trajets habituels, vous l'avez sans doute remarqué. Alors que ces radars sont régulièrement déplacés, cela fait plusieurs semaines que la plupart d'entre eux restent scotchés au même emplacement.
Ces radars qui sont la cible de nombreuses dégradations mettent également beaucoup plus de temps à être réparés que d'habitude...
L'explication n'est pas une "trêve olympique" pendant les JO de Paris ou encore un relâchement de la pression du côté des services de l'État.
Cette situation, totalement inédite depuis l'apparition de ces grosses boîtes grises, s'explique tout simplement par un changement de prestataire!
Il faut savoir que les prestations de déplacements et de maintenance des radars sont confiées à des sociétés privées par l'intermédiaire de marchés publics.
En 2018, le marché concernant les radars autonomes avait été divisé en deux lots avec le groupement Spie / Cegelec qui s'occupait des 8 régions nord de la France et Aximum qui avait la charge des 5 régions sud.
Le marché étant arrivé à échéance, il a été renouvelé en août 2024 mais cette fois en regroupant toutes les prestations en un seul lot couvrant l'ensemble de la France.
Suite au processus d'appel d'offre, c'est une nouvelle entité qui a été retenue pour effectuer le travail.
Bien sûr, celle-ci n'est pas inconnue du côté des radars automatiques puisqu'il s'agit du groupement Fayat / Ineo qui détient déjà le marché public de maintenance des radars fixes...
Un nouveau prestataire pour le déplacement des radars autonomes
Ce choix est très bénéfique pour les finances de l'État, puisque ce marché de 4 ans a été conclu pour la somme de 77 M€ HT avec le nouveau prestataire alors que l'offre du seul autre candidat, le groupement Aximum / Cegelec, était de l'ordre de 107 M€ HT!
Mais à court terme, il pose de nombreux problèmes.
Depuis juillet, non seulement les radars autonomes ne bougent plus faute de techniciens compétents pour effectuer la manoeuvre mais en plus, les radars qui subissent des actes de vandalisme ne sont pas remis en état.
Parmi les exemples les plus marquants, on peut citer le radar d'Ogeu-les-Bains (64) qui a été poussé dans un champ de maïs voisin fin juillet. Et bien à ce jour, il s'y trouve encore!
Le radar autonome d'Ogeu-les-Bains poussé dans le champ de maïs
Ce n'est pas mieux pour le radar de Rouffignac-de-Sigoulès (24) puisque la carcasse de ce radar incendié et tagué au mois de juillet trône toujours au bord de la route au grand dam du maire de la commune qui demande son retrait.
Quelques radars qui n'avaient qu'un petit coup de peinture sur la vitre ont tout de même été remis en service, mais pas tous.
Une situation qui n'est pas sans rappeler celle connue en 2013 quand le groupement Satelec / Engie Ineo avait remporté le marché de maintenance des radars fixes au dépend de la société Spie qui s'en occupait depuis 2003. Il s'en était suivi une longue période de flottement avec une baisse significative du nombre de radars en état de fonctionnement et donc du nombre de verbalisations...
Le changement de prestataire entraîne automatiquement une période de transition. Il faudra ainsi plusieurs mois avant que le nouveau titulaire du marché soit entièrement opérationnel.
Avant cela, il devra recruter et former les nombreux techniciens de terrain qui seront chargés de l'entretien et du déplacement des cabines. Avec une contrainte supplémentaire, puisque ces derniers doivent obtenir des habilitations à transporter des matières dangereuses telles que le lithium, composant des batteries utilisées pour faire fonctionner les radars autonomes.
Paramétrage d'un radar autonome par un technicien
Dans le même temps, d'autres techniciens devront être formés à l'utilisation des divers outils mis à disposition par le Centre National de Traitement de Rennes pour permettre, par exemple, la supervision et l'administration des radars.
Le nouveau prestataire devra également récupérer chez l'ancien titulaire avant de les dispatcher dans ses propres locaux, les pièces détachées déjà achetées par l'Etat pour l'entretien et la maintenance corrective. Il devra également prendre possession des télécommandes permettant de guider les remorques radars lors de leur positionnement ainsi que les clefs permettant l'ouverture de chaque cabine.
Conclusion, les radars autonomes vont bien se remettre à bouger mais cela se fera progressivement au cours des prochaines semaines avec en priorité la remise en service des radars dégradés. Le retour à la normale, c'est-à-dire le déplacement de toutes les cabines toutes les trois semaines environ, n'est pas pour tout de suite...